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Entretien avec le Dr Carlos Machado, illustrateur médical et artisan de la nouvelle génération des Atlas de Netter

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Elsevier : Vous dirigez depuis de nombreuses années le projet éditorial des Atlas d’anatomie humaine de Netter. Quand et comment est né votre intérêt pour l’anatomie et l’illustration médicale ?

Dr Carlos Machado : Depuis mon enfance, j’ai toujours été fasciné par l’anatomie. J’avais six ans lorsque j’ai tenu entre mes mains un exemplaire du premier livre illustré par le Dr Netter, publié en 1949. Bien que j’étais un enfant, cette découverte m’a profondément marqué. Aujourd’hui encore, je possède un exemplaire de cette même édition !
À huit ans, je dessinais déjà des structures du corps humain, et à douze ans, je réalisais des représentations plus scientifiques et précises, grâce à l’accès à des ouvrages médicaux et à des amis plus âgés étudiant la dentisterie. À dix-sept ans, j’ai intégré la faculté de médecine et j’ai alors uni ma formation médicale à ma passion pour le dessin, constituant au fil du temps un vaste répertoire personnel de photographies et d’illustrations. Mes influences vont des maîtres de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance aux artistes modernes, y compris les hyperréalistes.


Elsevier : L’anatomie reste une discipline centrale dans la formation des professionnels de santé. Quel avenir lui voyez-vous dans l’enseignement médical ?

Dr Carlos Machado : Je vois un avenir fondé sur une approche plus intégrée, où la technologie aura un rôle essentiel, mais sans jamais remplacer les bases classiques. On ne peut pas enseigner l’anatomie uniquement sur un écran : le contact direct avec le corps humain, les dissections et la compréhension tridimensionnelle des structures demeurent indispensables. La classe du futur sera interactive, combinant réalité virtuelle, simulations et modèles 3D, mais l’expérience concrète restera au cœur d’une formation médicale solide.


Elsevier : Des pinceaux et aquarelles aux outils numériques les plus avancés, comment votre travail a-t-il évolué avec les nouvelles technologies ? Et quel rôle attribuez-vous à l’intelligence artificielle ?

Dr Carlos Machado : Je n’utilise pas d’outils numériques pour créer mes illustrations, sauf pour assembler plusieurs couches d’images que j’ai peintes séparément à la main, à l’encre et au pinceau. Les logiciels comme Photoshop ont certes accéléré les processus et permis des effets autrefois réalisables uniquement à l’aérographe.
Quant à l’intelligence artificielle, elle n’a pas encore de place active dans mon travail. Elle peut offrir des ressources ou des références, mais elle ne peut pas remplacer l’observation clinique, la créativité et la fidélité du détail. L’IA peut assister, mais non imiter la sensibilité humaine, essentielle à l’illustration scientifique. Son avenir ne sera viable que si elle apprend à penser comme nous ; or ses modèles mathématiques ne reproduisent en rien la physiologie de la pensée ni la complexité de notre intelligence.


Elsevier : Quelle valeur conservez-vous au format papier, comme celui des atlas de F.Netter, dans un monde devenu si numérique ?

Dr Carlos Machado : Les atlas imprimés ont une valeur inestimable. Ils représentent l’anatomie de manière claire, fidèle et esthétiquement plaisante, ce qui stimule la curiosité des étudiants. Dans un monde saturé d’écrans, le papier offre une expérience d’étude plus concentrée et réfléchie.
Les illustrations en deux dimensions demeurent essentielles : elles permettent de mettre en évidence certains aspects, de montrer des angles chirurgicaux spécifiques et d’aider à la mémorisation. Même dans un environnement 3D, une bonne image plane reste un outil d’enseignement irremplaçable. Après tout, les animations, les vidéos, la réalité virtuelle et augmentée ne sont que des successions d’images 2D !


Elsevier : Vous avez pris la relève du Dr Netter dans ce projet éditorial. Quelles différences distingueriez-vous entre vos approches respectives de l’anatomie humaine ?

Dr Carlos Machado : Le Dr Netter avait un style plus synthétique, axé sur l’essentiel. Pour ma part, j’aime aller dans le détail. J’explore la complexité des structures, j’enrichis la palette de couleurs sans compromettre la précision anatomique. Là où Netter a progressivement simplifié ses teintes, j’ai choisi l’inverse : pour une lésion dermatologique, j’ai pu utiliser plus de dix-huit nuances !
Techniquement, Netter a commencé à travailler à l’aquarelle puis est passé au gouache caséiné ; moi, j’utilise un gouache classique mélangé à l’aquarelle.
J’aime aussi représenter l’anatomie sous des angles inhabituels pour aider à mieux comprendre l’espace et la fonction des structures. Netter privilégiait des vues standards, frontales, latérales, supérieures, tandis que je recherche des perspectives proches de celles d’un chirurgien. J’intègre aussi les variations anatomiques normales, indispensables pour refléter la véritable diversité du corps humain.

Elsevier : Quelle région anatomique vous fascine le plus, et laquelle est la plus difficile à illustrer ?

Dr Carlos Machado : La région de la tête, notamment la fosse infratemporale, me passionne par sa densité : nerfs, vaisseaux, muscles, fascias… Tant de structures dans un espace si restreint ! C’est un défi constant.
La plus complexe reste le cerveau, car beaucoup de zones se distinguent peu visuellement. Il faut alors recourir à des codes de couleur pour rendre compréhensible ce qui ne l’est pas à l’œil nu.


Elsevier : Quelles sont, selon vous, les méthodes les plus efficaces pour enseigner et apprendre l’anatomie aujourd’hui ?

Dr Carlos Machado : La clé réside dans la combinaison des approches. La dissection reste fondamentale, mais elle doit être complétée par les modèles 3D, les simulateurs et les ressources interactives. Aucun outil ne doit en exclure un autre : c’est leur complémentarité qui donne une compréhension véritable. Relier l’anatomie à la pratique clinique, montrer son utilité au bloc opératoire, par exemple est aussi essentiel pour motiver les étudiants.


Elsevier : Quels défis implique l’intégration des ressources traditionnelles et technologiques dans l’enseignement ?

Dr Carlos Machado : Le plus grand défi est de préserver le sérieux scientifique. Les technologies sont fascinantes, mais elles ne restituent pas toujours l’anatomie avec la rigueur de dissections ou de bonnes illustrations. L’avenir réside dans l’équilibre : utiliser le numérique sans renoncer au classique, et tirer parti de chaque outil selon ses forces.


Elsevier : En quoi des technologies comme le 3D, l’échographie ou l’IRM ont-elles transformé l’apprentissage et la pratique de l’anatomie ?

Dr Carlos Machado : Ces technologies ont révolutionné notre manière de visualiser le corps humain. Les images tridimensionnelles permettent de mieux comprendre les rapports spatiaux entre les structures, essentiels pour le diagnostic comme pour la chirurgie. L’échographie, par exemple, demeure précieuse pour mesurer l’épaisseur et la distance des tissus ou des organes depuis la surface cutanée.


Elsevier : Quel rôle auront les images médicales dans les années à venir ?

Dr Carlos Machado : Elles seront de plus en plus centrales. La visualisation 2D et 3D est indispensable à la planification chirurgicale, surtout pour les interventions mini-invasives, et à la formation continue des médecins. Mais pour interpréter correctement ces images, il faut une solide base anatomique : sans elle, la technologie n’a aucun sens.


Elsevier : Pour conclure, quels conseils donneriez-vous aux étudiants et enseignants en sciences de la santé ?

Dr Carlos Machado : Je leur dirais d’utiliser toutes les ressources disponibles : atlas imprimés, modèles, outils numériques… tout est utile. Aux enseignants, je recommande de relier l’anatomie à la pratique clinique : montrer comment ce savoir s’applique à la médecine réelle suscite l’intérêt et donne du sens à l’étude.


Elsevier : Et à ceux qui rêvent de devenir illustrateurs médicaux ?

Dr Carlos Machado : D’abord, étudiez l’anatomie en profondeur : on ne peut bien dessiner que ce que l’on comprend. Ensuite, entraînez-vous avec les techniques traditionnelles et numériques. L’observation directe, le dessin d’après nature et le souci du détail sont essentiels. La créativité, oui, mais toujours au service de la précision scientifique.


Elsevier : Enfin, comment imaginez-vous la salle d’anatomie du futur ?

Dr Carlos Machado : Je l’imagine plus interactive, immersive et personnalisée, intégrant réalité virtuelle et simulations pour explorer le corps humain en profondeur. Mais elle devra toujours conserver un lien avec le réel : la dissection, les modèles, le contact direct. C’est la seule voie pour former des médecins complets.


Traduction de l’entretien du Dr Carlos Machado avec Elsevier, à l’aide l’IA.

8ᵉ édition 

Atlas Netter d’anatomie humaine

Disponible en format papier, eBook et sur ClinicalKey Student.

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